Le professeur Luc Julia et l’intelligence artificielle

Luc Julia et l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle est actuellement au coeur de tous types des débats et querelles concernant l’homme, son futur et son autonomie. Le professeur Julia, en bon mathématicien, nous redonne confiance, avec des preuves à l’appui.

Euratechnologies a confié au Professeur Luc Julia l’ouverture plénière pour célébrer ses 10ans d’existence: j’ai eu la chance d’y assister et j’ai souhaité écrire mon premier article à ce sujet.

Euratechnologies fête cette année 10 ans d’activité: incubateur de startups parmi les plus importants en Europe, son histoire est fortement liée à celle de son territoire. Les bâtiments sur lesquels a été construit le pôle Euratechnologies sont en effet les sièges des deux anciens usines de filature textile : Lafont et Le Blan. Leur fermeture en 1989, suite à la crise du textile dans la région, provoque alors le chômage de 2500 collaborateurs. Vingt ans après, la Communauté Urbaine de Lille souhaite redonner vie à ce quartier avec la validation du projet de Euratechnologies, qui sera inauguré le 26 mars 2009. La volonté était de convertir la région du textile à la haute technologie pour redonner élan à l’industrie et recréer des emplois. Pour fêter cette réussite (aujourd’hui le pôle et ses alentours ont créé 4000 emplois) et la place que Euratechnologies s’est faite dans le monde de la FrenchTech, huit jours de célébrations ont été lancés à partir du 26 septembre. A la carte : conférences, keynotes et master classes; ateliers et visites; rendez-vous business et grand forum de l’emploi; ouverture au grand public et aux écoles, startups week-end et hackathon.

Le docteur Luc Julia, co-fondateur de Siri.

C’est pour célébrer cet événement que des hommes et des femmes, reconnus internationalement dans le domaine de la technologie et de l’innovation, ont étés conviés à partager leurs expériences et leurs études. L’ouverture plénière a été confiée au Docteur Luc Julia. Français, de Toulouse, Julia a étudié les mathématiques et l’informatique à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris et suite à un doctorat en informatique. Il démarre sa carrière en Amérique chez les plus grands noms de la tech (entre autre Apple, HP et Samsung) en devenant spécialiste de l’interaction homme-machine et l’un de plus influents développeurs au monde. Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas connaisseurs du monde de l’intelligence artificielle, sachez que le docteur Julia a été le co-créateur de Siri, que nous tous utilisons aujourd’hui dans notre quotidien et qui a ouvert la voie à tous les assistants numériques personnels (Google assistantCortanaAlexa, etc) qui ont suivi.

Brève histoire de l’intelligence artificielle, à travers le puzzle de Julia.

C’est à travers la métaphore illustrée d’un puzzle que Luc Julia nous montre l’histoire de l’Intelligence artificielle pour démontrer à la fin que l’IA n’existe pas! Mais partons des origines:

  • 1642 : un morceaux du puzzle en haut à droite montre le visage de Blaise Pascal et la date 1642, date à laquelle, selon Julia, la première forme d’intelligence naît avec la pascaline, la première calculatrice mécanique pour faire des additions.
  • 1956 : presque trois cent ans s’écoulent et c’est en 1956 que la recherche en intelligence artificielle a été officialisée à la conférence de Dartmouth (avec des erreurs fondamentales: appeler ces recherches de l’ »intelligence » et vouloir s’attaquer au « langage humain »)
  • 1997 : le premier face-à-face entre l’homme et la machine c’est le match mondialement connu entre le champion mondial d’échecs Kasparov et le super calculateur Deep Blue . Vaincu la première fois par Kasparov, la revanche sera gagnée par la machine.
  • 2007 : c’est grace à la data qu’on commence à parler de « machine learning » et « deep learning ».
  • 2016 : la société britannique DeepMind développe un programme informatique, basé sur l’auto apprentissage: capable de jouer au jeu de Go. Il bat à plusieurs reprises tous les champions du monde!

Homme vs l’intelligence artificielle.

Alors, avec tous ces exemples de succès de la machine face à l’homme, pourquoi dire que l’intelligence artificielle n’existe pas? Pour argumenter ses thèses Julia prend l’exemple du chat! Car une machine a besoin de milliers d’images de chats pour pouvoir détecter qu’on parle d’un chat, or sa fille de deux ans a besoin de voir seulement deux images du même animal pour reconnaître que c’est un chat! Le Deep Blue a utilisé une énergie équivalente à 440 kWh pour battre l’homme, qui lui, a « utilisé » que 20 Wh. On en déduit que l’être humain est supérieur à la machine, car il a besoin de vingt mille fois moins d’énergie pour obtenir le même résultât.

Une surconsommation d’énergie.

Pouvez-vous donc imaginer quelle consommation d’énergie démentielle serait nécessaire, si chaque action de l’homme devait être automatisée? Cela nous amènerait « droit contre le mur », selon les mots de Julia. Autre exemple de scepticisme de la machine face à l’homme est celui de la voiture 5.0 : pour Julia cette voiture ne verra jamais le jour, car il y a trop d’informations de type non seulement géographiques à prendre en compte, mais aussi sociologiques et psychologiques (ex. Place de l’Etoile à Paris ou Bangalore à l’heure de pointe).

Chatbot et Siri

Julia remet même en question Siri et l’utilité de l’assistant vocale, qu’il dénomme plutôt la « stupidité artificielle ». A travers le paradigme de la boîte de nuit (« il y a du bruit partout, vous êtes un peu bourrés mais vous faites croire que vous comprenez ») il trouve que l’humanisation de Siri était une vraie stupidité, car on a voulu faire croire qu’une machine peut se comporter comme les êtres humains. Et on vient de démontrer que ce n’est pas le cas.

Classification des intelligences.

Il ne faut pas oublier que c’est nous qui inventons, pas la machine: la créativité de l’homme est permanente et continue. La machine gagnera toujours face à l’homme, mais c’est l’homme qui la gère: l’intelligence artificielle doit être un outil pour améliorer l’homme et pas l’inverse.

Voici donc la théorie de Julia : « l’intelligence artificielle n’existe pas, car les mathématiques sont infinies et l’IA dans la partie infinie n’existe pas!  C’est nous qui avons le contrôle, pas la machine: Robocop c’est de la science fiction, nous faisons de la science !!!! ».

Pour en savoir plus…

Comme vous voyez, le débat est passionnant, surtout pour qui n’est pas forcement du secteur et néanmoins se pose plein de questions sur son futur et la place de la machine dans son quotidien. Pour en résoudre une partie, le Professeur Julia vient d’écrire: « L’intelligence artificielle n’existe pas » . Bonne lecture.

Carolina Covarelli: Italienne, en France depuis 26 ans, je suis passionnée de mode, art, communication et voyage. Depuis plus de vingt cinq ans dans le monde du prêt-à-porter, j'ai une expertise dans la direction artistique et la gestion de projet.